Par David Simard et Sacha Desautels
Nous commencerons ce texte par une défense en bonne et due forme de notre intégrité politique. Trop de gens se plaisent à nous salir simplement pour éviter le développement d’une réflexion profonde quant à savoir la véritable nature de notre engagement social et le rôle que devraient avoir les permanent-e-s dans les organisations auxquelles nous nous identifions. Notre expérience dans le milieu militant montréalais nous a démontré à maintes reprises que les failles des organisations politiques sont difficiles à aborder publiquement, compte tenu les diverses idéologies en présence et les liens d’amitié que partagent les protagonistes.
La réalisation d’une enquête objective et de qualité est justifiée. Le rapport est là pour le démontrer. La possibilité d’initier un débat entre les diverses tendances devrait représenter un élan pour à la réflexion parce que nos relations de pouvoir internes sont à l’image de cette société pourrie que nous souhaitons détruire et que cette réflexion, a priori, est la pierre angulaire de celle plus large concernant les moyens que nous devons mettre en œuvre pour lutter contre toutes les formes de domination.
Notre thèse est simple : nous affirmons que le processus a favorisé une personne, Marie-Ève Quirion, et cela représente une distorsion des modalités déterminées en assemblée générale. Cependant, notre thèse se complique lorsque l’on se rend compte que les distorsions ont altéré autant nos candidatures que celle de Marie-Ève. Concrètement, on a présenté différemment certaines qualités de Marie-Ève et celles des autres candidatures alors qu’elles étaient identiques. Nous démontrerons que la PIM ne s’est pas investie de la requête de l’assemblée générale, que des individus ont participé à cette dénaturation et que, en dernière analyse, la procédure doit être contestée et relancée.
Notre travail sur ce rapport contestataire est conforme aux principes de l’AFESH. Nous avons toujours milité dans nos assemblées générales, car l’assemblée est notre véritable amour politique, notre compagne de tous les instants, notre lien direct avec la communauté et son hypothétique émancipation. Notre engagement envers l’assemblée générale est l’expression la plus pure de notre fidélité libertaire. Lorsque nous avons éprouvé des frustrations face à elle et ses irrationalités passagères, nous nous sommes de facto réconciliés pour éviter le néant du cynisme moderne. Nous ne pouvons pas lui en vouloir pour ses fautes, car nous aussi nous accumulons les contradictions dans ce monde malade; une attaque envers elle est une autodestruction définitive. Nous voulons par ce texte vous démontrer la sincérité dans cette recherche de vérité, constamment renouvelable, et vous convaincre qu’en cas de doute, l’assemblée générale sera toujours l’instance des retrouvailles et de l’apaisement.
Nous ne nous en cachons pas : nous avons une vision absolument militante du poste de permanence politique et du rôle de l’AFESH dans la société. Nous ne resterions pas en poste si la FEUQ s’emparait de l’organisation à terme. Nous ne pourrions pas tolérer des abus de pouvoir, des mensonges éhontés, des attaques mafieuses, des fraudes, etc. Si tel était le cas, nous croyons qu’il serait tout à fait logique que l’assemblée embauche une nouvelle permanence politique en accord avec les nouvelles positions de l’AFESH. Un-e permanent-e politique doit avoir des convictions.
Ce qui nous amène à vous présenter sans délai notre conception d’une permanence politique au sein d’une association syndicale combative par opposition à la conception d’une association de service. Nous pensons que l’AFESH a besoin d’une personne qualifiée pour la lutte politique sur le terrain, polyvalente, capable de réflexion, une personne dont l’expérience au sein des organisations politiques sera un atout constant. Le rôle d’une permanence politique, c’est l’accomplissement d’un maximum de tâches logistiques qui permettra aux membres de se concentrer sur le développement de campagnes politiques d’envergure. La permanence politique doit être apte à transmettre son savoir pratique et théorique et de les adapter au contexte.
Nous considérons donc que le pouvoir représentatif de la PIM est contraire à nos principes et à ceux de l’AFESH, ainsi qu’à la pratique militante de terrain. En ce sens, la PIM n’est pas habilitée à faire l’embauche d’une permanence politique. L’exposé qui suit concernant le huis clos et la PIM en fera la démonstration. Nous adressons ce rapport aux membres réunis en AG pour qu’elle remette en question sa décision de procéder en PIM.
Les structures
Huis Clos
Un des phénomènes les plus significatifs pour étayer notre thèse, c’est la culture du secret qui entoure les processus d’embauche. Cette tradition s’est installée d’elle-même parce que l’on croit à tort que la prise de décision transparente et publique engendre davantage de conflits d’intérêts. Si tel était le cas, ne devrions-nous pas tenir secrets la candidature des député-e-s et leurs programmes avant le jour du vote? Une telle pratique ne correspond pas à la culture de l’assemblée, mais à une culture du secret présente dans les instances représentatives de l’association.
Or, la qualité d’une démocratie repose invariablement sur l’accès à l’information. Porter un jugement politique est prématuré sans obtenir au préalable des informations valides. En conséquence, une organisation démocratique doit constamment laisser transparaître son fonctionnement interne pour que puissent s’informer les membres. Il n’y a pas de meilleure manière d’éviter les conflits, les mensonges et les manœuvres disgracieuses au sein d’une association étudiante. Nous avançons que les membres ont été exclus de l’analyse du processus d’embauche à partir du moment où le comité de sélection, sans mandat, a décidé de procéder à l’analyse des candidatures à huis clos.
L’utilisation du huis clos peut parfois se justifier, s’il faut protéger la vie privée d’individu-e-s ou si une loi nous y oblige, mais l’utilisation abusive du huis clos constitue l’avènement d’une nouvelle culture d’organisation interne où un pouvoir secret s’oppose au pouvoir public de l’assemblée. La confrontation - par nature déséquilibrée - entre le pouvoir secret et le pouvoir public mène à des aberrations dans une organisation démocratique. Un groupe peut s’emparer du pouvoir secret, manipuler les membres et s’aliéner ainsi les intérêts collectifs.
C’est pourquoi nous demandons un protêt sur l’embauche tant et aussi longtemps que les informations ne seront pas disponibles au bénéfice de tous et toutes. L’assemblée aura à se questionner sur la valeur du processus de sélection.
Plénière intermodulaire
La PIM est l’instance décisionnelle entre les assemblées générales, mais en aucun cas elle ne peut s’octroyer la prédominance sur l’assemblée si contestation il y a. L’exécutif encore moins. Ce sera toujours à l’assemblée générale de résoudre les problèmes internes autrement insolubles. Nous ne citerons pas la charte puisque vous devriez la connaître.
Le problème structurel qui entrave le bon exercice de la démocratie directe et dont l’AFESH est victime actuellement trouve son origine dans la Charte de l’association. La PIM veille, en théorie, à l’exécution des décisions prises par l’assemblée générale, comme l’exécutif. Or, contrairement à l’exécutif, la PIM n’est redevable à personne. Depuis la nouvelle modification à la charte, les délégué-e-s de la PIM n’ont plus l’obligation de consulter leur assemblée modulaire avant de prendre une décision. Ils et elles n’ont plus que la vague responsabilité de représenter leur module. La PIM est devenue une stricte structure représentative. De plus, et ceci est fondamental, l’assemblée générale ne peut destituer les délégué-e-s de la PIM, car ils et elles sont élu-e-s par leur assemblée modulaire. Conclusion : les délégué-e-s de la PIM peuvent diriger l’exécutif de l’AFESH élu par l’AG et révocable en tout temps, mais l’AG n’a pas ce pouvoir contraignant sur la PIM.
On peut toujours prétendre que la PIM doit défendre les positions de l’AG, mais la structure actuelle de l’AFESH permet que la PIM constitue un contre-pouvoir face à l’assemblée et mette l’exécutif entre deux feux. Que devrait faire l’exécutif lorsqu’il y a opposition entre une décision d’assemblée et l’interprétation de celle-ci par la PIM ou, pire, si une décision de la PIM va totalement à l’encontre de l’AG, comme nous allons le démontrer?
Le processus d’embauche
Comité de sélection
Suite à une réflexion amorcée au sein du Comité exécutif, l’assemblée générale du 18 septembre a donné son aval à l’embauche d’une permanence politique en indiquant, dans l’offre d’emploi adoptée cette fois-là, la nature du poste, la description des tâches et une série d’exigences pour le-la postulant-e. C’est dans un contexte de probable campagne de grève générale illimitée à l’automne que le Conseil exécutif a jugé pertinent d’engager une personne ressource de plus, afin d’assister les militant-e-s déjà amplement débordé-e-s par toutes les tâches issues d’une telle campagne. Le temps restreint dont disposait l’association, quant à l’embauche, a poussé l’exécutif à proposer formellement à l’assemblée générale de prendre des dispositions inhabituelles. Les complications logistiques qu’aurait engendrées l’embauche d’une permanence pendant une assemblée de grève ont poussé l’assemblée à remettre les pouvoirs d’embauche qui lui sont ordinairement dévolus à la PIM.
Que certain-e-s prétendent que le libellé de la proposition ne reflétait pas la position informelle de l’assemblée et laissent entendre que l’interprétation de la proposition était claire malgré tout, en l’occurrence que c’était à la PIM de fixer les exigences qui seraient retenues pour l’entrevue, constitue selon nous une manœuvre pour refuser les décisions de l’AG. Nous allons démontrer que non seulement les critères définis par l’AG n’étaient pas suffisamment définis, mais que prétendre que ces mêmes critères pouvaient être modifiés par la PIM ne légitime pas le processus et lui enlève encore plus de crédibilité.
L’assemblée a donc voté sur la proposition qui a été déposée par écrit, seule méthode légitime. Ce n’est pas exactement cette proposition qui fut publicisée dans l’annonce de l’embauche, car il manque certains détails. Ce sera à l’assemblée de déterminer si les mandataires de cette proposition l’ont interprétée correctement. Voici la proposition :
1. Que le processus d’embauche soit déclenché et que les modalités d’embauche soient élaborées lors de la prochaine PIM.
2. Que les tâches soient les suivantes :
- Assurer un service aux membres lorsque la permanence de l’association s’absente. (Accueil, réception, information, courrier, impression de documents, etc.)
- Classement de documents, entretient général des archives politiques.
- Voir à la mise à jour des documents politiques sur le site Internet.
- Appuyer la permanence et l’exécutif dans la création graphique de matériel (affiches, pamphlet, journaux, tracts).
- Assurer la formation historique et politique des membres de l’exécutif.
- Assurer un soutien à la réalisation des activités de l’employeur.
- Tenir une revue de presse sur les enjeux en éducation et les différents sujets d’intérêt pour l’association.
- Effectuer de la recherche de documentation et produire des analyses sur divers enjeux.
- Assister le conseil exécutif dans l’exercice de ses mandats (faire des démarches administratives auprès de l’UQAM ou des gouvernements, préparer les instances, travailler à la production des publications de l’association, participer, au besoin, aux réunions du conseil exécutif, etc.).
3. Que les exigences soient les suivantes :
- Expérience de travail ou de militantisme en lien avec le poste.
- Bonne connaissance de l’UQAM et du mouvement étudiant québécois.
- Capacité d’adaptation et à travailler sous pression.
- Capacité d’organisation et aptitude à établir les priorités.
- Entregent et habiletés en communication interpersonnelle.
- Aptitude à travailler en équipe.
- Autonomie.
- Habilités en recherche.
- Connaissance de base des logiciels informatiques courants.
- Connaissance des logiciels QuarkXPress.
- Connaissance générale en informatique et en mise en ligne internet.
Une fois réunie, la PIM a décidé de former un comité de sélection composée de deux membres de la PIM et une membre du Conseil exécutif. L’exécutif avait préalablement choisi la personne qui serait chargée de représenter le Conseil exécutif au sein du Comité de sélection : Rémi Daigle. La PIM a donc élut Rémi Daigle, David Clos-Sasseville et Julie Larivière.
Composition
Rémi Daigle, étudiant au bac en géographie, est membre du Conseil exécutif au poste de Secrétaire l’interne élu en AG. Comme une bonne partie de l’exécutif, il considère que David Simard est le candidat qui répond le mieux aux critères déterminés en AG. Il connaît bien David Simard.
David Clos-Sasseville, étudiant à la maîtrise en histoire, est un ancien membre du Conseil exécutif au poste d’interne pendant un an. Il est actuellement délégué à la PIM et élu, par la PIM, au poste de coordonnateur de la PIM. Il siège, entre autres, sur le comité des assurances et sur le CAF. Il connaît bien Marie-Ève Quirion.
Julie Larivière, étudiante au bac en travail social, est déléguée à la PIM pour son module. Elle est considérée comme neutre par la PIM.
Grille d’évaluation
Le comité de sélection a commencé par décider d’une grille d’évaluation des entrevues. En fait, il a repris une grille qui a déjà été utilisée pour l’embauche des employé-e-s d’été et qui a été construite par Annie-Claude Dalcourt. Annie-Claude est une ancienne membre de l’exécutif de l’AFESH et amie de David Clos-Sasseville. Elle est aussi une habituée de la PIM.
La grille d’évaluation n’est pas adaptée pour l’embauche d’une permanence politique et aux exigences déterminées en AG. La grille originale comprend seulement 5 thèmes d’évaluation alors que les exigences déterminées en assemblée comptent 12 exigences en plus de l’orientation politique à évaluer. Le Comité de sélection modifie un seul des thèmes pour évaluer l’orientation politique des candidat-e-s et en élabore les questions.
Les deux exigences concernant les relations interpersonnelles sont évaluées (Entregent, amabilité et habilités en communication interpersonnelle – Aptitude à travailler en équipe), ce qui représente la moitié des quatre compétences évaluées si on exclut l’évaluation de l’orientation politique. Il s’agit clairement d’une forme de distorsion dans l’évaluation qui peut être interprétée comme une discrimination si on cherchait à exclure au départ les candidatures compétentes, mais dont on cherche à faire ressortir des faiblesses en relation interpersonnelle ou si, au contraire, on cherchait à favoriser une candidature incompétente, mais dont on cherche à faire ressortir ses forces interpersonnelles.
On évalue la qualité du français entre autre avec une dictée à partir d’un texte de Bakounine. Bien que la qualité du français soit pertinente lorsqu’il est question de rédiger très rapidement un communiqué de presse sans pouvoir passer par un correcteur informatique, on aurait pu faire rédiger un communiqué de presse ou un argumentaire sur un thème politique. Une autre formule aurait permis d’évaluer d’autres exigences en lien avec le poste. Peu importe la qualité de l’évaluation, donner une priorité à cette exigence est relativement peu pertinente dans le cadre de la permanence politique.
Le dernier critère d’évaluation (Capacité d’adaptation et débrouillardise) semble être une tentative d’évaluation de trois exigences en même temps (Autonomie, Capacité d’adaptation et à travailler sous pression, Capacité d’organisation du travail et aptitude à établir les priorités) avec une seule question pour le moins facile et sans aucun lien avec le caractère politique du poste :
« Durant l’été, il vous est impossible de contacter les membres de l’exécutif, votre équipement informatique tombe en panne et vos documents, essentiels à votre travail, s’y trouvent. Que faire? »
Il est tout à fait exagéré de prétendre que répondre à cette question permet d’évaluer autre chose que l’autonomie. La ou le candidat-e-s a simplement à répondre être capable d’agir de son propre chef pour entreprendre une autre tâche. S’attendre à autre chose, c’est exagérer grandement le potentiel de la question.
La grille finale se démarque par des absences dans l’évaluation de compétences pourtant essentielles au poste de permanence politique dans une optique militante (Expérience de travail ou de militantisme en lien avec le poste, Bonne connaissance de l’UQAM et du mouvement étudiant québécois, Capacité d’adaptation et à travailler sous pression, Capacité d’organisation du travail et aptitude à établir des priorités). Ne pas évaluer ces compétences défavorise les candidatures qui correspondent le mieux au poste de permanence politique dans une optique militante. Engager une candidature sans évaluer ces exigences peut causer une situation loufoque où la permanence politique à moins de compétence politique que la permanence généraliste actuelle.
On remarque aussi que les trois exigences informatiques (Connaissance de base des logiciels informatiques courants, Connaissance des logiciels QuarkXPress et Photoshop, Connaissance générale en informatique et en mise en ligne sur Internet) sont totalement absentes de la grille d’évaluation.
Enfin, l’exigence « Habilités en recherche » n’est pas évaluée.
Puisque ce sont les candidatures qui ont obtenu la meilleure note qui ont été sélectionnées pour être présentées en PIM, il apparaît de graves lacunes dans l’évaluation. L’essentiel de la discrimination repose sur ces lacunes. En effet, lorsque dans un processus de sélection, les meilleures candidatures sont écartées au profit des moins compétentes, il faut conclure à la discrimination. Dans le cas actuel, la discrimination s’est effectuée par une sélection biaisée des exigences et par leur évaluation dans certains cas peu en lien avec l’orientation militante de l’association.
Étant donné la nature perméable des huis clos, il est pertinent de se demander si les candidat-e-s proches de certains membres du comité de sélection aurait pu obtenir les questions avant les entrevues. C’est pour cette raison que la composition du Comité de sélection est importante pour diminuer au maximum les risques de conflit d’intérêts.
Selon Rémi Daigle, les trois membres du Comité de sélection ont conclu, après les entrevues, que la grille d’évaluation était incomplète. Il est certain que la culture du secret supporté par David Clos-Sasseville à l’intérieur du comité avait empêché les membres du comité de procéder à une consultation sur la qualité de la grille.
Compte tenu les distorsions entre la grille d’évaluation et la résolution de l’AG. Compte tenu de la présence sur le comité de David Clos-Sasseville qui, comme nous le verrons plus loin, remettait en question le mandat de l’assemblée concernant les exigences et l’orientation politique de l’association en plus d’être connu pour ses préjugés envers David Simard, Rémi Daigle avait alors songé à démissionner du comité, mais l’exécutif de l’AFESH lui a demandé de rester en poste.
En tant que candidats au poste de permanence politique, l’expérience que nous venons de vivre est certainement frustrante, mais elle ne l’est pas simplement parce que nous n’avons pas été embauchés. Nous avons élaboré nos critiques bien avant la décision de la PIM. L’entrevue a laquelle nous avons participé nous a confronté à une série de questions que nous n’estimons pas suffisante pour évaluer les candidatures. Même s’il est vrai que le Comité de sélection n’a pas fait son travail correctement, l’assemblée aurait dû aussi adopter des cadres plus clairs, surtout en ce qui a trait aux exigences prioritaires et à l’orientation politique voulue pour la permanence.
Finalement, pour clore cette section du rapport sur la grille d’évaluation, nous devons entrer dans les détails d’une approche du poste de permanence qui a été défendue par David Clos-Sasseville dans ses communications écrites à l’intérieur du Comité de sélection, une position qui est aussi défendue dans l’association par d’autres membres qui sont aussi délégué-e-s de la PIM. C’est l’orientation du poste de permanence politique en faveur du militantisme politique qui est en cause. Les opinions de la part de David Clos-Sasseville méritent qu’on lui accorde une attention particulière, car elle va éclairer grandement les divergences qui existent actuellement au sein de l’association et qui se sont reflétées dans le Comité de sélection. Pour ce faire, nous allons analyser les communications écrites qui ont eu lieu entre David Clos-Sasseville et Rémi Daigle au sein du comité de sélection.
Conflit au sein du comité de sélection
Pour faire suite aux entrevues, Rémi Daigle envoie un message aux autres membres du Comité de sélection. Voici quelques passages importants (les passages entre parenthèses sont de nous) :
« Tout d’abord, quelques constats. En ce moment, trois candidatures ressortent du lot, trois individus complètement aptes et capables d’occuper à notre satisfaction le poste ouvert selon les attentes affichées (nous ne sommes pas d’accord avec cette affirmation). De ces trois personnes, l’une se distingue par une approche plus universitaire, académique et institutionnelle, par une expérience marquée dans la recherche, la réflexion et la construction d’argumentaires (il parle de Marie-Ève Quirion). Un second candidat se distingue pour sa part par son implication dans des groupes d’action politique souvent rattachés ou issus du mouvement étudiant, par son expérience de travail comme infographe, comme communicateur et comme travailleur de terrain (il parle de David Simard) »
« […] je vous demande de m’autoriser à demander au Conseil exécutif de spécifier quels sont les besoins et les compétences à prioriser pour l’embauche […] »
David Clos-Sasseville répond au message, mais critique l’approche de Rémi, car il ne croit pas qu’il ait le droit de représenter lors de la PIM les positions de l’exécutif qu’il accuse d’avoir manipulé l’assemblée (les parenthèses ne sont pas de nous) :
« Historiquement, la PIM laisse l’exécutif présenter les points, mais plusieurs incidents ont forcé la PIM à tenir une ligne ferme face à l’exécutif qui prenait trop de place […] »
« […] des soupçons planent sur la production de l’offre d’emploi qui aurait été faite en fonction d’une des candidatures en particulier […] D’envisager l’embauche d’une personne avant même que l’offre d’emploi soit lancée c’est déjà limite surtout quand on soupçonne que la définition de tâches amener en Assemblée Générale par l’exécutif (qui n’a pas le droit de faire des propositions, selon la charte, mais qui s’arrange pour les faire passer par des individus en soulignant qu’ils en ont discutés en réunion) est faite sur mesure pour un candidat. »
D’abord en se fourvoyant sur le pouvoir des membres de l’exécutif en AG, car les membres de l’exécutif, en tant que membres de l’association et de l’assemblée où toutes et tous sont libres, égales et solidaires, peuvent et doivent, selon la charte, faire des rapports et des propositions, David Clos-Sasseville remet aussi en question la légitimité du mandat que l’assemblée a donné à la PIM en refusant que la position de l’exécutif, qui est celle de l’assemblée, soit défendue devant la PIM. Voilà donc une preuve flagrante d’un membre qui, au lieu de demander à l’assemblée de revenir sur sa décision, demande aux autres instances de l’AFESH de ne pas tenir compte de la souveraineté de l’assemblée.
Ce qui l’incrimine encore une fois, au plus haut point, c’est qu’il affirme qu’une des candidatures, il parle ici de David Simard, est faite « sur mesure » pour le poste. S’il s’oppose à cette candidature, c’est encore en se fourvoyant sur les droits de l’exécutif. En effet, l’exécutif ne contrevient à aucune règle ou à la démocratie en envisageant l’embauche de David Simard s’il considère qu’il conviendrait parfaitement aux besoins de l’association. Si l’exécutif avait manœuvré sans l’accord de l’assemblée et sans ouvrir le poste au public par le biais d’un comité de sélection et d’entrevues, alors là on aurait pu l’accuser de favoritisme, mais ce n’est pas le cas. Tout ceci prouve qu’il n’y a pas eu d’application d’une candidature qui pouvait rivaliser avec les compétences de David Simard et qu’il fallait, pour l’écarter, inventer quelque chose pour ne pas respecter les décisions de l’assemblée
Ce que va inventer David Clos-Sasseville constitue la seconde œuvre de distorsion du processus. Il exprime la chose ainsi :
« Ce qui distingue les deux candidatures retenues par Rémi dans sa lettre, c’est une approche militante du poste ou une approche de service au membre du poste. Oui, les deux candidatures proviennent du milieu étudiant, mais la distinction claire qui est ressortie de l’entrevue c’est l’approche du poste […] »
Selon Rémi Daigle, l’approche de toutes les candidatures fut la même durant les entrevues. Pourtant, selon Marie-Ève Quirion, qui s’est exprimée sur le sujet lors de sa première réunion avec l’exécutif suivant son embauche, l’approche de service vs militante serait déterminée par la question de l’entrevue qui devait évaluer l’Entregent, amabilité et habilités en communication interpersonnelle et à laquelle, selon elle, les candidat-e-s auraient répondu-e-s différemment. Cette question la voici :
« Le représentant du Comité pour la désaffiliation de l’AFESH à l’ASSÉ vous rencontre afin de savoir qu’elle est la meilleure marche à suivre pour assurer une désaffiliation prompte et efficace. Comment abordez-vous la question? »
Toutes les candidatures ont répondu invariablement de la même manière, dans le sens qu’elles ont rendu service au membre en question en lui expliquant le fonctionnement de l’AFESH sur la désaffiliation. Il semblerait que Marie-Ève Quirion ait été mal informée
Quoi qu’il en soit, prétendre que les autres candidatures ont répondu d’une autre manière à la question, par exemple en refusant de donner l’information au membre en question, c’est participer à une distorsion des compétences des candidatures et peut s’apparenter à de la diffamation. Selon Rémi Daigle, la seule petite chose qui distinguait David Simard c’est qu’il a cherché à en savoir plus sur les raisons qui ont poussé ce membre anti-ASSÉ à s’opposer à l’ASSÉ? Est-ce que c’est ça une approche militante? Faire de la politique militante? Poser des questions au membre sur sa plainte? Défendre le discours de l’AFESH? Faire de la formation historique et politique? Est-ce pour cette raison que David Clos-Sasseville a fait caler David Simard en lui donnant la note de 2/5 : Faible, le candidat répond à peu des aspects évalués, affiche quelques graves lacunes et éprouve des problèmes
Diffamation dans le Comité de sélection
Lorsque le Comité de sélection s’est penché à savoir quelles candidatures devaient être retenues et ensuite présentées à la PIM, David Clos-Sasseville a voulu donner quelques informations au sujet de David Simard, lesquelles s’avéraient diffamatoires :
1) Il a prétendu que le travail de graphiste de David Simard pour l’agenda 2007-2008 de l’AFESH (très populaire auprès des membres, comme l’a été son design du site Internet) n’était pas satisfaisant selon le Conseil exécutif. Rémi, un peu surpris, étant lui-même sur le Conseil exécutif et n’ayant jamais eu connaissance de telles critiques, lui a demandé qui sur l’exécutif prétendait une chose pareille. Réponse de David Clos-Sasseville avec l’air de quelqu’un qui cherche des noms: Annie-Claude Dalcourt, qui n’était plus sur le Conseil exécutif lorsqu’elle a vu le produit fini, et Alexandre Leduc, actuel secrétaire à la coordination;
2) Il a aussi accusé David Simard d’être un pirate informatique;
3) Il a soutenu que David Simard avait intimidé les membres du Conseil exécutif de l’AFESH en 2006 suite à une décision défavorable à son égard.
Cette mauvaise attitude envers David Simard démontre que David Clos-Sasseville n’était pas neutre et qu’il a très bien pu noter David Simard en fonction de ses préjugés, et non en fonction de sa performance à l’entrevue. Avec de telles calomnies, il est fortement probable que David Clos-Sasseville ait influé sur le jugement des autres membres du Comité de sélection.
David Clos-Sasseville n’est pas à sa première expérience de favoritisme. Dans sa première lettre adressée aux membres du Comité de sélection au sujet des différentes conceptions en présence pour l’embauche, David Clos-Sasseville nous dit que sa position, contraire à celle de Rémi, est le résultat de son expérience des processus d’embauche à l’AFESH. David Clos-Sasseville a effectivement participé à quelques comités d’embauche dans le passé. Faire la promotion de son expérience, c’est valable seulement si notre réputation pour ce genre de travail est crédible. Autrement, cela constitue un argument d’autorité. Il nous apparaît donc important de souligner, à la lumière de notre rapport, sa participation à l’embauche du webmestre pendant l’été 2006.
2006 : Le Comité de sélection a publié une offre d’emploi et rencontré par la suite les différent-e-s candidat-e-s. La personne qui a été retenue suite aux entretiens de sélection était un ami de David Clos-Sasseville, Nicola Rodriguez. Notons que Jérôme Charaoui, le créateur du site Internet de l’ASSÉ, a été rejeté pour des motifs questionnables et cela, malgré son expérience professionnelle, militante et sa motivation pour le contrat.
Aujourd’hui, le site de Nicola n’est plus en ligne parce qu’il était source de nombreuses critiques. Le site était esthétiquement moyen, voire laid. De plus, Nicola n’a jamais écrit un cahier de procédures pour rendre la mise à jour du site facile pour les membres de l’AFESH. Un an après la fin du contrat, les membres du Conseil exécutif ont décidé de reprendre le travail du début puisque le site ne répondait pas aux besoins de l’association.
Pour conclure cette section, nous observons que David Clos-Sasseville multiplie les postes de pouvoir au sein de l’association. Nous sommes en droit de nous demander s’il est éthiquement correct d’être à la fois délégué de la PIM, coordonnateur de la PIM et membre du Comité de sélection.
L’orientation militante et la PIM
Les conflits à l’intérieur du Comité de sélection reflètent selon nous les conflits à l’intérieur de l’association entre les différentes tendances idéologiques et entre les instances de l’association. La PIM est connue pour être plus modérée que l’exécutif, et l’assemblée pour son radicalisme relatif par rapport aux autres instances de l’association. Les membres plus modéré-e-s, expression qui inclue les progressistes modéré-e-s, les neutres, les anti-progressistes modéré-e-s ou radicaux (les réactionnaires) se retrouvent généralement en minorité dans l’assemblée générale, c’est la raison pour laquelle l’AFESH a des positions si progressistes comme, par exemple, la gratuité scolaire. Cependant, la PIM, qui doit veiller à ce que le Conseil exécutif respecte les mandats de l’assemblée, est composée d’une plus forte proportion de modéré-e-s.
Dans ce contexte, nous nous demandons comment la PIM peut faire respecter les mandats de l’assemblée si celle-ci n’est pas sur la même longueur d’onde que l’assemblée. Particulièrement en ce qui a trait à l’embauche d’une permanence politique.
Notre enquête nous a permis de découvrir certains détails que nous considérons comme importants dans la relation entre les modéré-e-s de l’assemblée et les membres de la PIM. Par exemple, prenons le cas de Joanie Bolduc, déléguée d’études avancées de science des religions à la PIM, qui était présente lors de l’assemblée du 18 septembre. Cette membre a proposé un amendement à l’assemblée pour que l’on retire le terme « politique » de la tâche de formation du poste de permanence politique. Cet amendement a été battu. Par conséquent, nous mettons en doute l’orientation politique démocratique de la PIM justement à cause de la présence au sein de ses délégué-e-s de membres qui représentent des positions minoritaires au sein de l’assemblée. Le phénomène est aggravé par le fait que les délégué-e-s ne consulte pas vraiment les étudiant-e-s de leur module avant d’orienter leur vote.
Notre thèse qui a été décrite plus haut dans la section sur le thème de la PIM et qui prétend que la PIM a été à l’encontre des décisions de l’assemblée repose sur l’idée que la PIM ne partage pas la même orientation politique que l’assemblée. Par conséquent, elle n’a pas pu bien répondre du mandat que lui avait donné l’assemblée, surtout si des membres de la PIM ne souhaitaient pas l’embauche de candidatures reconnues sur le terrain pour leur militantisme politique de longue date.
Les délégué-e-s de la PIM sont certainement très intègres face à leur propre orientation morale ou politique. Il ne sert à rien que la PIM s’auto-félicite du travail qu’elle a fait et mandate des émissaires pour la défendre lorsque sa crédibilité sera remise en question en assemblée, comme elle a décidé de le faire lorsqu’elle a pris connaissance de la contestation de sa décision d’embauche. Elle devra plutôt défendre son orientation politique et expliquer pourquoi elle a favorisé une approche de service au lieu d’une approche militante dans l’embauche.
En effet, plusieurs témoignages concordent sur ce qui a donné sens à l’embauche de Marie-Ève Quirion au détriment des autres candidatures. Lors de la réunion de la PIM, avant même l’adoption du huis clos, David Clos-Sasseville a donné son interprétation de ce qui différenciait Marie-Ève Quirion des autres candidatures : une approche plus de service que militante.
La PIM a bien sûr été influencée par une évaluation biaisée des candidatures, mais aussi, nous l’affirmons, par une dynamique d’opposition entre elle et l’exécutif. La PIM est hostile au pouvoir de l’exécutif de l’AFESH et à ce qu’il représente, c’est-à-dire une instance représentative qui rivalise la PIM sur le terrain de la représentativité, car selon David Clos-Sasseville :
« Elle assure, comme instance intermédiaire, une meilleure consultation puisqu’elle touche un public plus large que l’exécutif. Les membres de la PIM sont loin de tous venir du milieu militant […] »
« L’autre dimension du problème, tous les candidat-e-s proviennent d’un milieu petit et restreint, le monde militant, l’exécutif aussi et ce dans sa totalité. »
Évidemment, nous, les auteurs de ce rapport, sommes opposés à cette vision. Nous croyons davantage que c’est la PIM qui est issue d’un milieu restreint. L’exécutif représente l’assemblée générale représentante de l’ensemble des membres. La PIM, dont il manque toujours des délégué-e-s de modules ne représente jamais la totalité des membres. Notons au passage que la PIM est depuis récemment bien garnie en délégué-e-s des études avancées, milieu petit et restreint dont Marie-Ève Quirion est issue. De plus, contrairement à l’exécutif, les délégué-e-s ne reçoivent pratiquement jamais de mandat de leur assemblée modulaire.
Le déroulement de la PIM qui a procédé à l’embauche en dit long sur les conflits d’intérêts en présence dans ce processus. Marianne Di Croce, élue animatrice de cette PIM, amie de David Clos-Sasseville et de Marie-Ève Quirion, peut avoir joué un rôle puisqu’elle « appliquait la procédure avec rigidité; selon moi abusivement » (selon Rémi Daigle) envers le droit de parole de l’exécutif même si la PIM a donné droit de parole à l’exécutif durant toute la réunion. En effet, durant la période de questions de la PIM à l’endroit du Comité de sélection, elle a refusé le droit de parole de l’exécutif. En général, le climat était hostile à l’exécutif.
On constate aussi que peu de temps d’analyse et de réflexion a été donné aux déléguées avec une plénière de seulement 15 minutes. Ce n’est certes pas de cette manière qu’on a pu évaluer correctement toutes les exigences qui n’avaient pas été évaluées durant l’entrevue. En dernière analyse, on ne peut se contenter de l’aspect visuel d’un c.v.
Conclusion
À la lumière de toutes les informations compilées dans ce rapport, la preuve est faites. Nous constatons qu’il y a eu double distorsion. D’abord à travers le comité de sélection et sa grille d’évaluation, puis dans la présentation faite en PIM sur la question de l’orientation militante. Ces distorsions représentent des actes de discrimination, voire de diffamation en ce qui concerne la question de l’orientation militante. À ces discriminations, ajoutons les actes de pure diffamation au sein du Comité de sélection.
Par conséquent, la PIM n’a pu respecter les mandats de l’assemblée. La dénaturation du mandat de l’assemblée est telle que la preuve conclue à une opposition entre la décision de l’assemblée et celle de la PIM sur les motifs d’ordre politique et spécifiquement sur des exigences nécessaires au poste de permanence politique.
Nous, les auteurs de ce rapport, voulons réaffirmer notre attachement à la nature démocratique directe de l’AFESH. Nous refusons de déposer une plainte formelle et légale contre l’AFESH, si on permet à la démocratie de l’assemblée d’être saisie correctement du dossier.
Nous ne disons pas ici que Marie-Ève Quirion est incompétente, mais nous ne disons pas non plus qu’elle soit « complètement apte ». Nous croyons qu’un processus de sélection plus honnête aurait pu mieux déterminer quelle candidature répond le mieux aux exigences formulées par l’assemblée. Nous croyons cependant que nous avons été lésés dans l’évaluation et qu’un nouveau processus plus intègre ira dans le sens de notre thèse.
Pour ne pas nuire aux luttes politiques actuelles qui doivent accaparer toute l’énergie militante de l’association, nous voulons attendre que l’association stabilise sa stratégie politique de cet automne et de l’année scolaire avant de mettre des énergies sur le dossier de l’embauche de la permanence politique qui, rappelons-nous, devait aider l’association.
Nous nous rangeons donc du côté de celles et ceux qui veulent attendre après la prochaine assemblée de grève. Cela permettra aux membres de mieux s’informer sur le dossier de l’embauche et de prendre le recul nécessaire pour analyser les arguments en présence au lieu de se laisser aller à des passions qui peuvent avoir pour effet d’occulter la réalité. Cela nous permettra aussi de faire des recherches complémentaires pour les ajouter en annexe de ce rapport.
Nous espérons que la PIM saura respecter sa véritable nature de plénière consultative entre les modules et cessera sa dynamique de confrontation avec l’exécutif. Il en va du respect des principes démocratiques de l’association.